Mademoiselle Ellen Gleditsch sur les marches du petit pavillon de l'Institut du Radium.
Marie Curie et son temps 3
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Marie Curie s’est peu exprimée publiquement sur des questions d’intérêt général qui pourtant lui tenait à cœur comme le progrès social. Comme Pierre Curie naguère, c’est à la science qu’elle faisait le plus confiance pour que les hommes aient une vie meilleure. Elle ne s’associait pas, en règle générale, aux appels qu’om lui soumettait. Les exceptions les plus notoires à cette attitude concernent l’égalité en droits et devoirs des femmes et des hommes, et en particulier la question du vote des femmes.

A l'occasion de sa visite en Angleterre avec Pierre Curie en 1903, elle s’était liée d’amitié avec une physicienne anglaise, Hertha Ayrton engagée pour sa part dans le mouvement féministe. Elle la rencontra à nouveau en 1911 à Paris où Hertha était venue présenter ses travaux, puis en 1913 cette fois en Angleterre où elle passa avec elle les deux mois d’été à son invitation. A la demande d’Hertha, elle s’associa en 1921 à une protestation contre l’incarcération de responsables du mouvement suffragiste.

Un peu plus tard, une discussion au parlement français lui donna l’occasion de faire connaître sa position en faveur du vote des femmes.

Marie Curie a accueilli d’assez nombreuses femmes, françaises ou étrangères de passage, dans son laboratoire. La chimiste norvégienne Ellen Gléditch devint une de ses amies les plus proches.

Marie Curie a surtout servi la cause des femmes par son exemple. Ainsi, sa candidature à l'Académie des Sciences en 1911 suscita un débat, non tranché sur le fond, concernant l’accès des femmes dans les cinq Académies qui font partie de l’Institut. La carrière même de Marie Curie a encouragé les femmes à oser se tourner vers les métiers scientifiques. Le fait que le nombre relatif de femmes scientifiques soit en France aujourd’hui, plus élevé que dans nombre d’autres pays reflète en partie cet élan initial.


Mademoiselle Ellen Gleditsch sur les marches du petit pavillon de l'Institut du Radium.
© A.C.J.C. Fonds Curie et Joliot-Curie.

J’accepte que vous utilisiez mon nom parce que j’ai une grande confiance en votre jugement... Je suis très touchée par tout ce que vous m’avez dit sur la lutte des anglaises pour leurs droits ; je les admire beaucoup et forme des vœux pour qu’elles réussissent.
Lettre de Marie Curie à Herta Ayrton.
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