Le
radium*
va longtemps occuper avec ses descendants, en particulier le
polonium*, une place centrale dans les recherches autour du nouveau phénomène.
Il le doit à sa
période*
favorable, ni trop longue, ni trop courte et à sa chimie. Des physiciens
et chimistes d’autres pays commencent à s’intéresser vivement aux
radioéléments*
et à leurs rayonnements. Les Curie prêtent généreusement des échantillons
de sels de radium à différents chercheurs.
Ces sels sont surnommés substances radiantes ou « sources » radiantes.
Les
particules alpha*
qu’elles émettent sont, en raison de leur énergie inégalée à l’époque,
les projectiles de choix pour explorer l’
atome*
. Il faudra attendre 1932 et le premier cyclotron d’
Ernest
Lawrence* , précurseur des accélérateurs de particules, pour détrôner
en énergie les sources.
Le radium est un élément très rare. Marie Curie est la première à en posséder
un gramme et ce gramme sera précieusement mis à l’abri pendant la guerre
de 1914. L’activité radioactive de ce gramme sera prise comme
unité
d’activité*, le Curie, une unité encore employée. Les femmes américaines
se cotiseront pour lui en offrir un second en 1921.
Les physiciens ont compris pourquoi on trouve le radium et le polonium
dans des minerais contenant de l’
uranium*
et du
plomb*
: ils ont observé des
filiations
radioactives* . Le radium et le polonium extraits par Pierre et
Marie Curie de la
pechblende*
sont les descendants de l'uranium. Dans les minéraux naturels contenant
ces radioéléments, ces transformations ont dû se poursuivre continûment
sur de très longues périodes, et les produits ultimes
plomb*
doivent s’être accumulés en quantité suffisante pour être observés et
apparaître dans la nature comme compagnons permanents des radioéléments.
On assiste à la naissance
d’une véritable industrie du radium à partir de ces minerais. L’engouement
tient bien sûr à la découverte, mais plus encore aux perspectives offertes
par la nouvelle substance pour le traitement des cancers. Dès 1901,
on a pris conscience de l’effet des radiations et de la possibilité
de les utiliser à des fins médicales en mettant en contact les substances
radioactives avec les tumeurs quand elles sont externes ou accessibles.
Des aiguilles au radium sont utilisées pour soigner des cancers de l’utérus.
Ce sont les premières
curiethérapies*.