Avec le
polonium*
et le
radium*,
Pierre et Marie Curie avaient montré que les
rayons
uraniques* étaient bien autre chose que des rayons attachés
à l’
uranium*
. Mais on ignore encore tout de la nature de ces rayons. De quoi
sont-ils faits ? Quelles sont leurs propriétés ? Les questions
relatives aux propriétés des rayonnements mobilisent les physiciens,
Rutherford*
et
Soddy*
en Angleterre, mais aussi
Becquerel*,
les Curie, Villard et d’autres.
La contribution d’un jeune physicien néo-zélandais qui vient de
terminer sa thèse à Cambridge, Ernest Rutherford va s’avérer déterminante.
Ayant étudié l’absorption des rayonnements dans un empilement
de très minces feuilles d’aluminium, il conclut dès janvier 1899
que le rayonnement est complexe : Le rayonnement de l’uranium
comporte au moins deux types distincts de rayonnements – l’un
qui est très facilement absorbé et que l’on dénommera par commodité
le
rayonnement
alpha*, et l’autre de caractère plus pénétrant qui sera dénommé
rayonnement
bêta*.
Dès lors, les expériences, parfois contradictoires, se succèdent.
Elles sont menées notamment par le chimiste F.Giesel en Allemagne,
par les physiciens Stéfan Meyer et E. von Schweidler à Vienne,
également par H.Becquerel – qui revient à l’étude des corps radioactifs
fin mars 1899 – et bien sûr aussi par Pierre et Marie Curie. Ces
derniers mettent aussi en évidence, en novembre 1899, deux types
de rayonnement à partir du radium.
Les appareillages se sont perfectionnés. On soumet les rayons
à l’action d’aimants puissants. On observe que ces aimants dévient
en sens inverse les rayons alpha et bêta. C’est la preuve que
ces rayons sont composés de particules, animées d’une grande vitesse
et porteuses d’une charge électrique. Les expériences mettent
rapidement en évidence que le rayonnement bêta le plus pénétrant
est composé d’
électrons*
de grande énergie. Quant au rayonnement alpha, c’est Rutherford
qui en élucidera la nature ; d’abord particule massive en 1902,
puis atome d’
hélium*
complètement ionisé en 1907, enfin noyau d’hélium après sa découverte
d’un
noyau*
dans l’
atome*.
Indépendamment, en avril 1900, Paul Villard, du laboratoire de chimie à de l’Ecole
normale supérieure, rapporte qu’il existe aussi, dans le rayonnement
du radium, des rayons « non déviables », mais très pénétrants. Ce troisième
type de rayons des corps radioactifs recevra le nom de
rayons
gamma*. Le rayonnement gamma est de même nature que les
rayons
X*, mais de plus grande énergie (et donc de plus petite longueur d’onde).