La chaleur de la Terre :
La découverte de la
radioactivité*
permit de résoudre une controverse entre géologues et physiciens.
D’où la Terre tenait-elle la chaleur ? Pourquoi n’était-elle pas
déjà froide ?
Lord
Kelvin* qui venait de calculer le temps que mettrait la terre
pour se refroidir dans l’espace, avait obtenu un âge probable
de la terre de 100 millions d’années : en 1885, il avance un âge
de seulement 24 millions d’années.
La découverte de la radioactivité change la donne. Au début de
1903, Pierre Curie et Albert Laborde constatent que le
radium*
dégage en permanence de la chaleur et qu’il est capable de faire
fondre en une heure un peu plus que son propre poids de glace.
Ramené à l’échelle atomique, ceci correspond à une énergie extraordinairement
grande.
On réalise que de nombreuses substances, notamment des roches,
sont un peu radioactives : elles contiennent en général une quantité
faible, mais mesurable, d’
uranium*
ou de
thorium*
et de leurs descendants, ainsi que de potassium qui est légèrement
radioactif. En 1903, deux physiciens allemands, J. Elster et H.
Geitel, remplissent une soucoupe avec de la terre de jardin et
mesurent une faible radioactivité : une concentration infime en
radioéléments*,
mais qui multipliée par la masse de toutes les roches formant
la croûte terrestre, aboutit à une quantité de matière radioactive
très importante. L’énergie des rayonnements se dissipant sous
forme de chaleur, cette matière fournit un débit de chaleur considérable.
La radioactivité qui entretient la chaleur interne de la Terre
est ainsi à l’origine des mouvements tectoniques, de la dérive
des continents, du volcanisme.
Lord Kelvin, n’a évidemment pas tenu compte, dans son bilan, de
la source de chaleur que constitue pour notre planète la radioactivité.
R Strutt et
E.
Rutherford* montrent alors que la Terre est bien plus vieille.
Le physicien et ingénieur des mines américain B. Boltwood déterminera
son âge minimum en 1905-1907, en mesurant la teneur en
hélium*
et en
plomb*
(les « produits ultimes » des familles radioactives) des minéraux
contenant de l’uranium : l’âge de la Terre se chiffre en milliards
d’années (4,6 milliards d’années exactement). L’estimation de
Boltwood est le premier exemple de l’usage de la radioactivité
pour des datations, bien avant le carbone-14.