Marie Curie et sa fille Irène à l'Institut du Radium vers 1921.
Marie Curie et son temps 3
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Marie Curie est en meilleure santé et fait preuve après la guerre d’une activité débordante. Irène* est devenue son assistante au laboratoire, Eve s’oriente vers la musique. C’est elle qui la soulage de l’organisation de la vie domestique, qui prend soin de sa santé.

Marie Curie consacre l’essentiel de son temps a la direction de l’Institut du Radium, mais dès qu’elle le peut, elle se plonge dans mesures et montages pour ses propres expériences. Le soir elle lit ou relit pour se reposer avant de se remettre au travail. «  Le spectacle est chaque soir le même. Mme Curie, entourée de papiers, de règles à calculs, de brochures, est assise par terre, sur le plancher. Elle n’a jamais pu s’habituer à travailler devant un bureau... »

Marie Curie passe aussi des vacances actives. Elle fait de longues excursions avec Irène et retrouve chaque année ses filles à l’Arcouest en Bretagne. Ce hameau, surnommé « Fort la Science » rassemble un groupe d’universitaires dynamiques et leurs familles autour de l’historien Charles Seignobos. Ce n’est pas pour parler physique ou mathématique, mais pour partager les plaisirs de ramer vers les îles propices à la baignade, ou celui d’un après-midi sur le voilier « l’Eglantine ». Marie fait construire une maison très simple à l’Arcouest sur la lande, une autre à Cavalaire alors désert, où son amie Marthe Klein l’a entraînée chercher des eaux plus chaudes.
Le mariage d’Irène est un grand changement, mais Irène et Frédéric Joliot* déjeunent fréquemment avec Marie, qui a bientôt la joie de devenir grand-mère de la petite Hélène puis de Pierre : « Je vous envoie mes souhaits de bonne année, c’est a dire (...) une année pendant laquelle vous aurez chaque jour plaisir à vivre, sans attendre que les jours soient passés pour leur trouver de l'agrément, et sans mettre tout espoir d’agrément uniquement dans les jours qui viendront. Plus on vieillit, plus on sent que savoir jouir du présent est un don précieux, comparable à un état de grâce ».
Irène Curie à l'Institut du Radium, 1921. © A.C.J.C. Fonds Curie et Joliot-Curie.

Je pense souvent à l’année de travail qui s’ouvre devant nous. Je pense aussi a chacune de vous et a ce que vous me donnez de douceur, de joies et de soucis. Vous êtes en vérité pour moi une grande richesse, et je souhaite que la vie me réserve encore quelques bonnes années d’existence commune.
Lettre de Marie Curie. Extrait du livre Madame Curie d'Eve Curie.
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